Blancheneige

Anne-James Chaton

(tchak-tchak-tchak-tchak-tchak-tchak-tchak)

Le sang coule maintenant à flot sans arrêt par les nombreux orifices & rigoles qu'un outil contondant a percé au ras des 7 cous des 7 têtes des 7 corps à propos desquels il est difficile de dire après coup après tout s'ils ont appartenu à des nains ou à toute autre espèce - pour autant qu'il soit permis ici, où ailleurs, d'ailleurs, ainsi, sans plus d'attention, de scissiparer le genre humain tellement, par ailleurs, bien que partout, divisé alors qu'il est possible de dire à propos de chacun qu'il est à soi une espèce à part entière, c'est-à-dire complète, une espèce complète, et non, comme certains l'auront compris, ne comprenant décidement rien, à rien, ou à tout, une espèce à laquelle manquerait l'entièreté, ce qui prendrait exactement à contre-pied ce qu'il s'agit, ici, d'élucider, encore que là ne soit pas, pour l'instant, le fond du problème, ou de la question - ce qui a pour résultat premier, outre d'exposer à la vue des spectateurs une coupe franche d'anatomie (dont on ne sait pas encore - le saura-t-on jamais ? Et "que sais-je?" Et que "puis-je savoir"? Et "que puis-je espérer savoir ?" Et "que puis-je espérer savoir de la question?" Donc "est-ce la bonne question ?" - à quelle branche il faut la rattacher) - notons, à des fins d'exactitude, et ce quoi qu'il en soit, à terme, de l'espèce considérée, qu'à la symétrie attendue des 7 planches de cou, seulement visibles de face toujours par & pour les mêmes spectateurs, déroge l'un des cous qui, travaillé en biseaux et détaché de l'une des têtes de l'un des cous d'un des corps de façon disharmonieuse du fait d'une inattention sans nul doute causée par une défaillance psycho-motrice résultant selon toute vraisemblance d'un déjeuné trop copieux oeuvre, an-hypothétique, d'une mère protectrice tenant, sans conteste, ce penchant, certain, d'un père, sûrement, trop, assurément, souvent absent ce que l'on sait depuis Freud propice aux déséquilibres susmentionnés, par le bourreaux qui se trouve être moi, mais qu'importe, puisque ce n'est pas de moi et de ma vie, fut-elle autant sinon plus désiquilibrée, dont il est question que de la vérité même que l'étude ici commencée doit rétablir dans toute sa vérité (la vérité elle-même, en personne) - et la répétition que nous nous empressons de souligner est issue du caractère intrinsèque de la vérité même, ou de la même vérité, dont on ne peut penser autre chose d'elle, la vérité même ou la même vérité, sans risquer qu'elle, la vérité, autre ne soit, ou que la vérité ne soit autre, ainsi que l'attestent tous les siècles passés, lesquels la virent coup sur coup certaine, évidente, apodictique, adéquate, absolue, indubitable, irréfutable, infrangible, irréductible, immanente, transcendante et même relative, oui, relative, ce qui semble suspendre d'emblée l'idée de sa recherche car, se dit-on en son for intérieur, comment s'y retrouvera-t-on au milieu de ce fatras de vérités car, de la vérité dira-t-on qu'elle est à la fois certaine, évidente, apodictique, adéquate, absolue, indubitable, irréfutable, infrangible, irréductible, immanente, transcendante sans laisser entendre qu'elle est aussi relative, et dire d'une ou de la vérité qu'elle est relative, n'est-ce pas dire aussi qu'elle n'est pas tout à fait vraie donc qu'elle est un peu fausse, que c'est dès lors dire un mensonge que de dire une vérité qui peut être relative et qu'ainsi il n'y aurait pas de vérité, mais est-ce nous dire la vérité que de nous dire qu'il n'y a pas de vérité pour la simple et bonne raison que le nombre de ses adjectifs prouve bien plus la vérité d'un seul, celui [ Rque. celui-ci de "celui" n'a rien à voir avec celui-la de "celui-ci", compagnon de "celui-là", dont il sera question plus bas dans leur recherche de la vérité ] qui veut qu'elle soit relative plutôt que certaine et donc fausse ? Si quelqu'un demande "est-ce la vérité ?" Et qu'on lui répond "c'est certain", celui-la, le premier, n'est-il pas fondé à douter de la bonne foi du second et au cas échéant mettre son poing dans la gueule de celui, en l'occurrence celui-ci, qui lui ment ? Et si celui toujours répond à celui-là "c'est la vérité", celui-là pourra demander de nouveau à celui-ci "est-ce la vérité ?" Et celui de répondre "c'est la vérité" et ainsi de suite jusqu'à la fin de leur vie ? Dire la vérité ne veut plus dès dire grand chose d'où la nécessité de ne pas dire la vérité si l'on veut donner un sens à notre existence ? Mais si celui-là, nous reprenons les mêmes personnages afin de ne pas obscurcir le fil déjà ténu de notre réflexion [Rque. "Notre" est à entendre au sens de "Votre", de notre reflexion, et non d'une propriété personnelle ou d'une formule de politesse], demande "est-ce la vérité ?" Et que celui-ci répond "c'est la vérité" en mentant manifestement alors celui-là ne sachant pas que celui-ci lui ment demande "c'est la vérité ? Et nous sommes reconduit au point de départ, et si celui-là, toujours le même, demande à celui-ci, toujours le même, "est-ce la vérité ?" Et que celui-ci lui répond "non, ce n'est pas la vérité" alors celui-là est en droit de demander à celui-ci "est-ce la vérité que ce n'est pas la vérité ?" et celui-ci de lui répondre ce que bon lui semblera car cela, la question de savoir s'il existe une vérité, n'a dès lors plus d'importance - sans qu'un brin d'erreur puisse la souiller, cette tranche de cou, donc, offre aux regards des-dits spectateurs maintenant attentifs à l'idée d'apprendre quelque chose sur quelque chose quelque soit le quelque chose pourvu que l'on sache de quoi, exactement, d'où mon souci d'exactitude, il en retourne, par l'effet de perspective ouvert par ledit acte manqué, une vue profonde de toute l'anatomie du-dit sujet qu'un seul point d'ombre préserve d'une complète révélation de son intimité en stoppant ledit regard devenu au fil des descriptions voyeur, à moins que ladite zone obscure ne soit en fait que l'extrémité méridionale du-dit sujet, soit son rectum, ce qui, à défaut de pudeur, sert néanmoins la science en révélant à son serviteur l'existence d'une liaison si étroite de la tête au cul -, de rendre l'humanité plus humble. 
(Post scriptum : sous réserve, toutefois, que l'hypothèse susmentionnée ne se confirmât point). 

Poursuivons. Dans un raidissement ultime des 7 corps provoqué par cette sorte d'influx nerveux post mortem observé sur les poulets lorsque l'on pratique (quel que soit, soit dit en passant, l'intention : la faim, la rage, le désir de connaissance ou la zoophilie) la même opération (décapitation brutale & subite), lesquels poulets sans têtes, gesticulent encore un bon quart d'heure (cela peut varier d'un sujet à l'autre sans qu'il soit nécessaire de remettre en cause le principe) sans autre raison apparente (pour nous observateurs) ou motivation ( pour eux, les poulets, ou d'une façon plus générale les volailles comme cela semble se confirmer des multiples expériences convergentes, ce qui vériproximite d'autant notre principe) que d'accréditer la thèse des esprits animaux [ note à caractère epistémo-critique visant à établir une Mathésis Universalis : considérant le cas d'espèce, compte tenu du fait suivant qu'en posture réductive (cf. E. Husserl, Méditations Cartésienne, SS 15 , p 68 : "Ce qui a lieu ici peut aussi se décrire de la façon suivante: Si nous disons du moi qui perçoit le "monde" et y vit tout naturellement, qu'il est intéressé au monde [souligné par l'auteur] - [c'est nous qui soulignons que c'est souligné par l'auteur] -, alors nous aurons, dans l'attitude phénoménologiquement modifiée, un dédoudblement du moi; [souligné par l'auteur] - [c'est nous qui soulignons que c'est souligné par l'auteur] - au-dessus du moi naïvement intéressé au monde s'établira en spectateur désintéressé [idem] - [idem] - le moi phnoménologique." ) l'on aura suspendu toute attitude (faim, colère, zoophilie) propre à venir fausser la rigueur de l'observation (laquelle se trouve être vériproximée par l'expérience d'autres observateurs non moins autorisés : "Les poules en revanche ont la vie plus têtue, et on en voit même qui, n'ayant déjà plus de tête, font encore quelques derniers entrechats avant de s'écrouler." dixit Malone ), abstraction faite également de l'incidence indéniable de l'expérience sur la physionomie des expérimentateurs (l'un consevant sa tête, l'autre non, sans que l'on soit autorisé à conclure de cette différence entre l'expérimentateur et l'expérimenté une illustration de la dialectique du Maître et de l'Esclave, une confirmaton de l'existence de la lutte des classes ou une manifestation de la différence des sexes*), duquel des deux sujets en présence peut-on dire qu'il est à la source de la connaissance : 
- de celui qui coupe la tête, observe ce qui se passe, prend des mesures, note, et s'il est pas trop con ratrappe le poulet et le mange;
- de celui à qui l'on coupe la tête et qui par sa course héroïque semble vouloir nous délivrer un ultime message à propos de :
a)l'union de l'âme et du corps 
b) les formes substantielles
c) l'entéléchie 
d) la Monade 
e) la métempsycose 
f) la réincarnation 
g) la transsubstantiation 
h) l'eucharistie
car le poulet est connu pour être un sujet philantrope privilégiant l'intérèt général sur l'intérèt particulier, le sien consistant en la reconnaissance des esprits animaux] - un flux de sang éructe des ras des 7 cous des 7 corps des 7 nains (soit si l'on suit un calcul savant : 14 bouts de chairs disposés à même le sol sali du sang des sodomites car enfin oui des 7 nains qui, oui Qui, oui, ces sept mêmes nains, qui dira sans hésiter, sans hésitation d'aucune sorte, bien qu'il soit, en l'espèce, sur la question, difficile de jamais acquérir aucune certitude, encore que cela puisse sembler nécessaire s'il on veut rendre justice, s'il s'agit bien de cela rendre justice, ce qui est non moins douteux que ce dont il est question à savoir de savoir de visu s'ils, les 7, ne frayèrent qu'avec la femme et non point entre eux l'un avec l'autre et l'autre avec l'un et celui-là avec celui-ci & celui-ci avec cet autre-là & celui-là avec l'un & cet autre avec l'un ou l'autre & tous ensemble et à 3 à 4 & à 5 & à 6, car avant qu'elle elle n'arrive celle-ci en ce lieu que se passait-il donc entre-eux ? oui, c'est bien cela dont il s'agit, que se passait-il donc entre ces 7 nains ?).

(*Post scriptum: sous réserve, toutefois, que l'hypothèse susmentionnée ne se confirmât point sans quoi il nous faudrait tout reconsidérer.)

Des sept têtes des sept cous des sept corps des sept nains aucunes ne tient plus désormais à sa place & des sept corps coule tout le sang du tronc des bras des jambes & des têtes étêtées purgées de tout leur sang sur le sol répandu où pataugent le roi & la reine & le chasseur & blancheneige & les sept corps des sept nains étêtés.


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